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     Résidence artistique en recherche et création, Espagne 2017     

 RME, FRS, UTC, FCB 

Le corpus d'oeuvres créé dans le cadre de cette résidence a fait l'objet de l'exposition RME, FRS, UTC, FCB présenté à l'Espace PINEA.

RME: Résidents Marocains à l'Étranger est le nom officiel de la diaspora marocaine dont quelques millions de gens et moi faisons partie.
FRS: Il s'agit d'une des compagnies de traversiers faisant le pont entre le Maroc et l'Espagne par le détroit de Gibraltar. C'est un de leur bateau que j'ai pris pour aller de Tanger à Rota, en passant par Tarifa.
UTC: Le Temps universel coordonné est l'échelle de temps la plus importante sur la terre. Quand j'ai traversé la frontière espagnole, le temps est passé de GMT à UTC

FCB: Futbol Club Barcelona est l'une des équipes de soccer les plus populaires dans le monde, notamment au Maroc. Les équipes sportives sont de puissants véhicules du sentiment d’appartenance à un lieu géopolitique, sentiment qu’elles font voyager dans la culture populaire en arborant leurs maillots comme autant de drapeaux animés par des joueur-idoles.


L'exposition se développe en quatre îlots installatifs, soit, « Cousine », « Mon ancre », « Divin enfant » et « Frontière ». Alors que les deux premiers sont plus directement personnels, les derniers abordent des sujets davantage sociétaux. Par un discours polyphonique tissé entre les trames du récit personnel (le mien), de l’histoire politico-culturelle (celle des lieux de mon passage) et des mythes spirituels ou religieux (la place des humains dans le cosmos), je cherche à comprendre ma position dans le monde en tant qu’entité mobile. À travers ces questionnements jaillit la nécessité de considérer les phénomènes de la migration humaine et de l’échange marchand dans un contexte capitaliste de globalisation. 


Au centre de mon projet, il y a un mouvement; celui de voyager d'un continent à un autre. Il s'agit d'un mouvement que j'ai moi-même incarné dans l'intention de mieux connaître le pays dont je suis originaire, mais aussi, c'est un mouvement que, de nos jours, les images, les biens et les idées effectuent frénétiquement. Par le collage et l'assemblage, je déclenche un dialogue entre les objets m'entourant et sonde la manière dont ceux-ci produisent et, à la fois, transforment le sens contenu dans une culture donnée. Je considère cette dernière comme une substance fluide se mouvant à travers l'humanité, les paysages que nous habitons, les objets que nous inventons et les connaissances que nous produisons. 


Toutefois, la présentation du projet dans un espace « white cube » m’a laissé insatisfaite et le création d'une performance basée sur un des éléments de « Cousine » apporté en Espagne du Maroc a été la suite logique et la conclusion de ma résidence. Cet objet est un livre choisi dans la bibliothèque de mon défunt grand-père à Tanger (ancienne ville d’occupation espagnole) et qui a pour titre « La Civilisation arabe en Espagne ». Cet ouvrage de E. Lévi-Provençal écrit en 1938, à la fois par son contenu littéraire et par sa trajectoire en tant qu’objet, résume mon intérêt pour l’échange culturel et le paradoxe transnational propre à l’histoire qui lie le Maroc et l’Espagne tout en symbolisant mon lien très personnel avec mon grand-père et, par extension, avec mes origines géographiques justement complexes.


Pour cette performance, j’ai simplement déplacé les objets de la galerie vers la plage où je me suis installé avec le livre en main, entourée par mes œuvres. La temporalité de l’action était définie par le temps que me prendrait la lecture du livre « from cover to cover ». Face à la mer, lieu d’échange et source universelle de mythes, je pointais mon regard vers le Maroc comme pour contempler l’inatteignable puis vers mon livre pour voyager dans le temps. Comprendre le passé est-il nécessaire à notre appartenance au présent? Apprendre d’où je viens est-il de mon devoir? Comment définir les contours de ces lieux? Les objets m’entourant activés par cette action de lire, offraient aux passants une porte d’entrée vers mon imaginaire. J’ai commencé au matin jusqu’à terminer l’ouvrage au coucher du soleil, après quoi, j’ai remballé l’œuvre, concluant ainsi la performance et l’entièreté du projet.

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